33 - Algues tueuses

    Depuis plus de vingt ans, un médecin, Claude Lesné, se bat, épaulé par des associations, pour prouver le lien entre des morts suspectes et la toxicité de la laitue de mer en putréfaction sur les plages bretonnes. Etrangement, l’Etat et la justice font la sourde oreille.

    Plage de Saint-Michel-en-Grève, Côtes-d’Armor, 28 juin 1989. Le corps sans vie d’un joggeur de 26 ans est retrouvé dans un amas d’algues vertes.
    Même endroit, 5 juillet 1999, 16 heures. Maurice Brifault s’écroule sur le volant de son tracteur de ramassage d’ulves, des algues vertes aussi appelées « laitue de mer ». Le quinquagénaire, sans aucun antécédent médical, est intubé et ventilé. Il restera cinq jours dans un coma profond.
    Lantic, baie de Saint-Brieuc, toujours dans les Côtes-d’Armor, 22 juillet 2009. Thierry Morfoisse, 48 ans, meurt au pied de son camion de collecte d’algues vertes. Quelques minutes auparavant, il avait laissé un message téléphonique :
« Putains d’algues, j’en ai marre ! »
    Saint-Michel-en-Grève, 28 juillet 2009. Vincent Petit, 28 ans, s’enfonce avec son cheval dans un mélange de sable et d’algues putréfiées. L’animal décède aussitôt. Le cavalier échappe de justesse à la mort, grâce à l’intervention d’un nettoyeur municipal de marées vertes.
L'été suivant ce sera le tour de deux chiens, puis un autre, celui d' une trentaine de sangliers.algues
    Quatre accidents graves en vingt ans. Deux mortels. Les algues vertes ont transformé certaines plages paisibles de Bretagne en zones dangereuses.
En pourrissant sur le sable, elles dégagent du sulfure d’hydrogène (H2S), un gaz plus lourd que l’air et aussi toxique que le cyanure. A concentration élevée, il entraîne en quelques secondes un œdème pulmonaire, le coma et un arrêt cardiaque.

    Qui pourrait imaginer que la mort se cache au détour de ces espaces naturels ludiques ? La scène du crime n’est signalée que par quelques panneaux d’avertissement, trop discrets pour alerter des touristes.
    A croire que l’Etat et les collectivités locales s’efforcent de minimiser le danger. Il faut dire que le dossier des algues vertes met beaucoup de monde dans l’embarras : agriculteurs, autorités sanitaires, élus, offices de tourisme… Aussi, chaque tragédie est-elle immédiatement recouverte d’une chape de plomb.
    Les plaintes au parquet sont systématiquement classées sans suite.

    Ce Jeudi 10 avril 2014 à 15 h Salle du Temps Libre, 6 rue du Maréchal Foch à SAINT-BRIEUC, le Dr Claude LESNE (Médecin, spécialiste de la toxicité des polluants aériens - CNRS 1986-2010), invité par le comité de soutien à la famille Morfoissse, posera une nouvelle fois la question de ce défaussement :
Pourquoi la ''Justice de la République'' ne cherche-t-elle pas à établir la vérité sur les circonstances du décès de Thierry Morfoisse, à savoir une  « intoxication au sulfure d'hydrogène avec infarctus du myocarde : une relation connue, reconnue, observée et publiée depuis soixante ans » ?

    A l'issue de cette conférence, un point presse est prévu pour délivrer les documents utiles à l'instruction judiciaire en cours.

    Nous ne pouvons rester indifférents au décès d'un homme victime d'un accident du travail, ni au risque d'intoxication sur nos plages, ni nous résigner à voir la Bretagne condamnée à la pollution issue de l'agriculture intensive, ni à ce que les intérêts particuliers dictent l'intérêt public.
    Qui sera la prochaine victime
de cet hydrogène sulfuré mortel ? Un enfant jouant sur la plage ?
    RDV ce jeudi 10 avril à Saint-Brieuc, pour que  justice soit rendue et que cesse ce scandale sanitaire.

JK