269 - "PAUVRE FRANCE !"

Pauvre France, disait Napoléon
L'expression pauvre France est bien de Napoléon. Napoléon c'est le copain de Dédé un de mes jeunes colocataires de l'année dernière. De temps en temps, on fait des petits repas d'anciens avec les jeunes, et Napoléon qui a une vingtaine d'années, est passionné d'histoire ( c'est pour ça qu'on l'appelle comme ça ... ) Et souvent il s'exclame : Pauvre France ! ... En plus d'être historien, il est aussi philosophe Napoléon, c'est un personnage, et ici on l'aime bien.
Il faut dire que lorsque les jeunes débarquent à la coloc, ils racontent leur vie comme si c'était un sketch ! On est bien obligé de rire des temps modernes ! Après leurs diplômes Bac plus plus, comme les miss France, ils sont souvent au chômage nos jeunes. Pourtant en sortant de l'école, ils sont vaillants comme on l'était. Ils tapent dans la butte. Ils crochent dans le tas. Ils bossent à l'usine, la première qui se présente. Et puis, ils en font deux et trois et quatre et puis là, ils disent, pause. Ils adoptent le mode veille. Pour réfléchir un peu. Ils causent entre eux, ils comparent leurs expériences, leurs galères, leurs misères, leurs désillusions. Ils font le point sur ce qu'ils ont accepté. Injonction de mobilité, injonction de flexibilité, injonction de précarité ... Au début ils obéissent à tout. Esclavagisme. Auto exploitation. Yes Sir ! Start up. Work hard, play after ! No problem ! Tant et si bien qu'assez vite, ils ont une vision très juste de leur exploitation. Mais comment faire dans le contexte ? Quand ils ont acquis leurs droits à deux mois de chômage, ils les prennent, pour souffler. C'est super pour entretenir le système, ça libère leur place pour les autres, ceux qui font la même chose, mais en décalé ...
Bon, les voilà au chômage, mais au chômage ils se font chier. Alors, ils retournent sur le marché de l'emploi. Mais cette fois, ils ne cherchent plus, que dans leur branche. L'usine, l'intérim, les stages, c'est fini tout ça. Oui, mais voilà qu'on leur reproche de n'avoir pas d'expérience, dans leur branche ! Enfin, dans leur métier, celui qu'ils ont été obligés de choisir au départ. En troisième ... Alors là, quand ils entendent pas d'expérience, forcément la moutarde leur monte au nez ! Espèce de connard, je viens de terminer mes études et d'enchaîner à l'usine ... Ils voient rouge ! Déjà que par la force des choses, ils sont retournés chez leurs parents et qu'ils ne peuvent plus les supporter, parce que pendant leurs années d'études ils ont appris à très bien vivre sans eux ! Les pauvres, désabusés, dégoûtés, enragés, ils recommencent à chercher des petits boulots très très mal payés. Mais là, c'est pour mettre des tunes de côté pour faire une nouvelle année de formation. Une nouvelle formation qui leur donnera un diplôme supplémentaire, ça pourrait quand même les avantager pour trouver un emploi. C'est ce qu'on leur dit à Pôle Emploi, pour faire de la place aux autres. Et parce qu'il devient urgent pour eux de foutre le camp de chez leurs parents ! Au secours ... ! russie
Alors pour un an, ils requittent le domicile familial ! Yesss, les parents soufflent même s'ils participent aux frais. Va, vis et deviens mon enfant et fiche nous la paix ! Mais un an, c'est vite passé. Merde. Retour à la case départ. Et comme y a pas de boulot, quand ils reviennent chez leurs parents et qu'ils retournent sur le marché de l'emploi, cette fois on leur dit, qu'ils sont trop diplômés ! Ah merde, merde ! Alors ils trichent sur leurs études, ils disent qu'ils en ont fait moins, ou encore, ils finissent par entrer en apprentissage par exemple. Comme Caroline qui nous racontait tout à l'heure, qu'elle a bossé pendant un an en contrat d'intégration dans une entreprise parisienne pour valider sa licence après son DUT. Au bout d'un an, bien qu'elle ait obtenu son diplôme, l'entreprise lui annonce qu'elle ne peut pas la garder en tant que salarié ! Mais comme elle travaille très bien, l'entreprise lui propose d'entrer en apprentissage ! Forcément comme Caroline aime son travail dans son laboratoire du Goût ... Caroline dit OK pour l'apprentissage. Car elle a bien l'intention de faire quelque chose de sa vie Caroline. Seulement, elle est obligée d'avoir deux logements maintenant, un à Paris près de sa boîte, une minuscule chambre qui lui coûte 500 euros par mois et un autre logement à la semaine, à Tours, car ses cours sont à Tours, et à Tours c'est bien, c'est moins cher qu'à Paris, 100 euros à la semaine. Heureusement qu'elle gagne 78% du SMIC en apprentissage Caroline ! Remarquez, c'est chouette pour la boîte, vu qu'elle connaît super bien son boulot Caroline, mais bon, comme accessoirement elle doit manger un peu quand même, bien entendu ses parents la soutiennent financièrement. Sinon, elle ne s'en sortirait pas Caroline. Va trouver un job en plus de ton boulot quand tu habites dans deux villes à la fois toi ?
Dédé sort de l'école d'horticulture il a en poche un BTS de Technico Commercial. On nous a vendu qu'on serait tous des managers dans la vie active, tout de suite en sortant de l'école. Tu parles, dit Dédé. Au final, seulement un petit pourcentage d'entre nous trouve du boulot comme vendeur chez Truffaut ou dans les magasins verts du Grand Groupe AVRIL, des petits contrats, payés au ras des pâquerettes. Pour les autres, c'est chômage assuré et petits boulots.
Caroline après un DUT de biologie et une licence se trouve en apprentissage.
Napoléon est en licence pro infographie paysagère ... Licence qui coûte 7000 euros à mes parents dit il, mais pas pour un an, non, à tout casser pour 5 mois de cours, vu qu'à partir de janvier on intègre une entreprise ... Mais c'est pas tout. Comme mon frère ne trouvait pas de boulot dans sa branche, mes parents ont accepté de lui payer une formation supplémentaire à l'AFPA en informatique, 11000 euros l'année. Ils ont fait 11 chèques de 1000 euros. Et d'ajouter, ils font comment ceux qui n'ont plus de parents ? Ils s'endettent et après ils sautent sur n'importe quel boulot, pour rembourser leurs prêts étudiants. Pauvre France !

Iso !