122 - Néandertalons

    On vient de trouver, en Afrique du sud, la preuve archéologique d'une gravure à caractère artistique réalisée à l'époque néandertalienne. Enfin, disons que c'est une interprétation contemporaine de ces marques quarante fois millénaires. Mais du coup, ça relance le débat : l'Homme de Néandertal était-il aussi capable de peinturlurer l'intérieur des grottes qui croisaient son chemin ? Notre lointain ancêtre éteint avait-il inventé l'Art ? J'ai une hypothèse là-dessus, c'est même le préambule de mon book, en fait... Je vous la livre.

    Il y a bien longtemps de cela, au commencement du cycle des incarnations humaines, le tout premier artiste d'alors, appelons-le Blik Grok, ornait les parois des cavernes où il vivait avec sa tribu.
    Cette activité posait déjà quelques problèmes en termes de cohésion de groupe, puisqu'il arrivait qu'on lui reproche de ne pas s'impliquer suffisamment dans les gestes les plus essentiels de la vie quotidienne, cueillette, chasse, pêche, traditions. Il répliquait en prétendant que, dans quelques dizaines de milliers d'années, des paléontologues enthousiastes découvriraient ses peintures et que toute la tribu deviendrait célèbre. Quand la pression se faisait trop forte et que le clan, sceptique face à ce genre d'argument, devenait menaçant, Blik Grok s'armait d'un tibia d'auroch ou de mammouth (selon la saison et les disponibilités) et, bien campé sur ses deux jambes dans une posture d'intimidation, il lançait son cri redoutable et rauque : « Arh!... Aaaaarrh! ». C'est ainsi que les gens comprirent enfin qu'il faisait de l'Art (le mot a traversé les siècles et les millénaires pour parvenir presque intact jusqu'à nous!) et que les artistes, par nature paresseux et oisifs, devaient bénéficier d'un statut à part puisqu'ils étaient non seulement, les témoins lucides d'une époque, mais qu'en plus ils travaillaient pour la postérité, une notion difficile à comprendre pour le commun des mortels.
Enfin bon ! Le lien est etsinon
    Et puisque François le Mol recompose sa cour et son gouvernement, je me demandais comment ça se passait en ces temps reculés... Nos aïeux étaient-ils fortement hiérarchisés, disciplinés, soumis à l'autorité d'un chef mâle ? Ou au contraire étaient-ils totalement anars ? La loi du plus fort ? Un doux matriarcat peut-être ? Y'en a qui y croient encore à « Notre Mère la Terre », et moi le premier... Pratiquaient-ils l'apaisement des tensions et le règlement des conflits à la mode des bonobos, par le coït ? Avaient-ils encore simplement un embryon de conscience individuelle au service de la sauvegarde de l'espèce, comme les bancs d'étourneaux et de sardines ?
Nul ne le sait ni...
    Une chose est sûre : si on avait montré aux hommes et aux femmes de Néandertal ce que l'humanité future, leurs propres descendants, allait devenir au XXI ème siècle, je crois qu'ils auraient eu trop honte et qu'ils auraient décidé de pratiquer un grand suicide collectif pour ne pas porter la responsabilité d'un tel fléau ! « Plutôt la mort au déshonneur ! », qu'ils se seraient dit...
C'est très probablement ce qu'ils ont fait d'ailleurs, ce qui explique leur disparition, au profit de Cro-magnon, un benêt qui n'a rien senti venir...
    Le must, en matière d'évolution humaine ces temps-ci, c'est le Macron.
    Emmanuel Macron, notre tout nouveau ministre du CAC 40. On sait maintenant que ce mec, un ouinneur absolu sur l'échelle de la réussite sociale communément admise dans nos sociétés, a fait l'ENA et sort juste de la banque Rothschild, où il s'en est collé plein les fouilles, « assez pour être à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours », quand il a piloté pour Nestlé le rachat de la branche poudre lactée de Pfizer pour neuf milliards d’euros. Bon alors effectivement, dans not' société, un gars qui te manipule les euros par dizaines de milliards, eh ben y'a pus qu'à fermer sa gueule ! Là, Mesdames-Messieurs, chapeau bas, je m'incline, total respect, chuis su'l cul !
    Mais imaginons donc un instant cet Emmanuel Macron qui débarquerait au sein d'un groupe d'humanoïdes il y a 40 000 ans, comme ça pouf !, genre « les visiteurs », le type de référence culturelle que Jean comprend tout de suite... Stupeur dans la tribu ! Rien que son look déjà !
    Mais bon. Pour simplifier, admettons qu'ils se parlent et qu'ils se comprennent...
    Ce mec va leur expliquer qu'il va falloir se serrer la ceinture, rogner sur les loisirs, le chauffage et la nourriture, travailler plus et plus longtemps pour relancer la compétitivité des entreprises et rembourser les banques... Que les derniers services publics comme l'école, la santé, la justice, etc, vont être vendus au secteur privé et que tout sera plus cher, y compris l'eau potable et le bois pour le feu.
    Et pis quand il aura fini de dire tout ça, il fera un grand sourire et des signes amicaux de la main devant le clan médusé... Comment réagiraient-ils, tous ces primitifs ?
    Eh bien, pour commencer, afin de tenter de pacifier l'esprit du forcené, tous les mâles de la horde pratiqueraient une sodomie initiatique, pour chasser de ce corps cet esprit qui le hante et l'habite. Mais ce mec est tellement formaté que j'ai bien peur que même cette purification sodomitique de groupe n'y suffise pas. Après avoir tenté en vain les potions et les incantations du shaman, ayant épuisé tous les moyens pédagogiques de l'époque pour intéresser ce type complètement largué aux tâches collectives, ayant échoué à lui trouver une fonction sociale, une quelconque utilité communautaire, après voir constaté qu'il était encore bien pire que le peintre rupestre et l'idiot du village, il est plus que probable que la tribu, finalement, l'aurait condamné au bannissement.
Hop ! Allez ! Casse-toi-du balai et bon vent !
    Admettez que ce mode de vie tribal a du bon, non ?

Gilles Knopp