...à périodicité très variable, ouverte le 23 février de l'an de grâces (matinée) 2014...

et (presque) fermé en janvier 2017


sphinx

PRÉ EN BULLE
Cette page n'est subventionnée par aucune collectivité territoriale,
car nous détestons la littérature de faussaires à la main d'organismes bidons ( Offices, fausses assos, EPCC...), instrumentalisés en sous main par des élus.
Quand, par le passé, les gouvernants, ou leurs porte-plumes serviles, se sont occupés de régenter art ou littérature, on a aussitôt
pu constater la régression mentale.


(avec la complicité de Léonor Fini, ici à droite)

Le mot "Bretagne" de ce titre n'implique aucune allégeance à un quelconque communautarisme, autonomisme ou indépendantisme. Il situe juste le lieu de la culture (et parfois de la langue) d'où nous écrivons. Notre regard essaie de porter plus loin que les Régions, les États, les continents... ou les galaxies, car nos territoires sont avant tout imaginés.

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Pour un formatage américain à réactivité immédiate, il faudra vous adresser au logiciel Wordpress. Ici on prend le temps des relations humaines et des labyrinthes rigolos des fêtes foraines. On s'en fout totalement du nombre de zamis sur fesse-bouc.

On n'est pas à un jour près, ni à un mois.
On prend le temps, avant d'écrire, de tourner 7 fois la plume dans l'encrier des sentiments. On amène ses crayons de couleur, on s'écoute, o
n se cause et on se contredit courtoisement. Pour vos plaidoyers en faveurs du Front National, du pâté Hénaff, de la Légion étrangère, de l'Institut de Locarn, ou de l'agriculture productiviste, adressez plutôt vos textes à Minute ou à La France Agricole.

Depuis fin février 2014, sur cette page, déjà près de 400 articles (tous en ligne). Pour faciliter leur repérage, ils sont numérotés. Le moteur de recherche interne vous permet de trouver les thèmes abordés ou les personnes citées.

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Diplôme de poète professionnel !

plume    Enfin le Ministère de l’Education nationale et celui de l’Enseignement supérieur ont comblé un manque énorme en créant un nouveau diplôme : Le D.U.T de techniques commerciales, option « Poésie professionnelle ».
Certains avaient d’abord pensé, dans les ministères concernés et ce en lien avec le Ministère de la culture et de la communication, inscrire ce diplôme dans les études de lettres ou encore dans les arts du spectacle. Mais la raison l’a emporté : l’activité du poète professionnel est d’abord une activité commerciale, en attestent ceux qui la pratiquent aujourd’hui.
    Point besoin d’une grande culture littéraire. Le poète professionnel doit d’abord savoir gérer sa petite entreprise, savoir trouver de nouveaux marchés, savoir placer ses poèmes, savoir rédiger des factures etc. Il doit connaître au mieux les techniques commerciales qui seront donc enseignées en D.U.T techniques commerciales option poésie professionnelle : Négociation vente,  Mercatique,  Comptabilité,  Etudes et recherches commerciales, Approche des marchés étrangers, Droit et commerce, Distribution, Stratégie qualité, Gestion financière et budgétaire, Communication commerciale, Mercatique stratégique, Stratégie distribution, Gestion de la relation client, Maths appliquées aux produits de la poésie, Problématiques économiques appliquées aux produits de la poésie, anglais appliqué à la communication des produits de la poésie etc.
    Pour le champ de l’écriture, la commission chargée d’établir le programme a gardé quelques matières plus spécifiques et essentielles pour le futur professionnel de la poésie :
-Ecrire le sirupeux et le mièvre
-L’art du clinquant cliquetis vide
-Prononcer une conférence sans rien avoir à dire
-L’art de l’intrigue
-L'art de flatter le goût du jour
-Les valeurs poétiques marchandes aujourd’hui
-L'art du vaniteuxplume2


    Les poètes professionnels déjà en activité seront recrutés pour assurer ces enseignements plus spécifiques qu’ils maîtrisent souvent à merveille.
    Nous ne pouvons que nous réjouir de la création de ce nouveau diplôme.
    Il est enfin dépassé ce temps où des poètes, comme René Char par exemple, se contentaient simplement d’écrire sans jamais intriguer et en se tenant loin des salons ou commissions diverses. Voire en défendant des valeurs. Les seules valeurs de la poésie sont désormais commerciales fort heureusement. Nos poètes professionnels auraient beaucoup à apprendre à ces poètes amateurs désormais ringardisés.
    Le temps est donc heureusement révolu aussi où certains, comme mon ami Jean Rivet, osaient ironiser sur l'appellation "Poète professionnel" écrite en 4e de couverture d'un ouvrage (voir ce qu'écrivait Jean dans Dépôt de bilan 2, éditions Isoète, p. 35).
    Consulter le site du Ministère de l’Enseignement supérieur pour s'informer sur le contenu du diplôme et les modalités d’inscription.
    Il va de soi que les professionnels déjà en activité pourront obtenir le diplôme par la voie de la validation d'acquis d'expérience. Se renseigner au plus vite auprès des services concernés dans l'université la plus proche de chez vous.
    A compter de juin 2016 (avec l'obtention des premiers diplômes en I.U.T.) en effet, les conférences, ateliers d'écriture, résidences d'auteurs, lectures, récitals etc. ne seront attribués qu'aux détenteurs dudit D.U.T. techniques commerciales option "poésie professionnelle".
    Le ministère de l'Education nationale envisage aussi une option "poésie professionnelle" pour le bac pro "force de vente".

Guy Allix

COMMENTAIRE 2/04/14

POISSON D'AVRIL !
Et merci à Guy Allix d'avoir joué le jeu.
C'était ça ou une lettre d'Israël, signée Paul Bismuth.
JK

    Maître Knopp a fini de jouer au bois, résonnez musette ! Il nous revient sans gueule ni langue de bois. Juste une petite réprimande à propos du catastrophisme (cf plus bas sous le papier « Apocalypse now ») Pas le genre à t’envoyer des courriels courroucés dès qu’un mot ne lui plait pas, comme le faisait, il y a peu, sur un site Internet auquel nous collaborions généreusement, une petite cheftaine sadique en brandissant son fouet. Si encore elle s’était harnachée de porte-jarretelles, j’aurais pu lui répliquer « Merci Maîtresse ! Fouette-moi encore ! »
    Sur cette page de Bretagne, nous sommes en pays plus civilisé. L’acceptation de la contradiction est un signe de santé mentale. Mais bientôt viendront les robots. Knoppy sur le sujet en connaît un rayon. Et alors là, on ne répond de rien. Faudra ramper au doigt et à l'œil. Car le robot, lui aussi, est plutôt con.
JK 

    Oui. Je sens que je vais encore amalgamer. C'est mes lectures qui se télescopent, en fait. Qui s'entrecroisent, se mêlent et s'intriquent jusqu'à former le gloubi-boulga que voilà.
Au départ, j'ai lu un truc sur le salon « innorobot » et ensuite, tout s'est enchaîné...

    Technologie. Haute-technologie. Très-haute-technologie. Technologie spatiale. On nous apprend que de plus en plus de robots toujours plus performants vont progressivement remplacer les humains dans l'exécution de tâches ingrates, pénibles, dangereuses ou répétitives. Au commencement, les robots, c'était le truc des Japonais. Comme y z'habitent un archipel, la place est chère, et d'un point de vue culturel, ils n'avaient pas trop envie d'importer de la main d'oeuvre estrangère pour ramasser les poubelles et boulonner les bagnoles. Donc, robotisons, se sont-ils dit en Japonais. L'idée a été porteuse, tous les constructeurs bagnoliers du monde s'y sont mis, et même, ils sont allés produire avec des chaînes automatiques dans les pays à faibles coûts, là où l'heure-robote est moins chère.

     Mais alors maintenant, le plus beau, c'est que non seulement ces voitures modernes bourrées d'électronique ne sont quasiment plus construites par des humains, mais que les dernières innovations leur permettent de se conduire toutes seules, sans le chauffeur. Demain, pour rentrer des beuveries nocturnes, plus besoin de désigner un
capitaine de soirée ©, tout le monde pourra se biturer copieusement, titine est programmée pour rentrer au bercail en totale autonomie. Un peu comme les chevaux qui ramenaient la carriole à la maison quand pépé sortait du bistrot. Grosse déception pour la maréchaussée, tous les éthylotests à balancer. En cas d'excès de vitesse, le centre de paiement automatisé où sévissent déjà les robots-flics retirera le montant de l'amende directement par prélèvement automatique auprès du robot-guichetier de votre e-banque et après le retrait des douze points du permis, l'automobile est programmée pour s'immobiliser.
robot     De toute façon, y'aura plus tellement besoin de rouler pour aller bosser étant donné que d'autres robots assureront le job. On a commencé par les standardistes, les guichets, les caisses des supermarchés, et pis comme personne dit rien et que tout le monde laisse faire, le remplacement progressif des humains par des machines avance un peu tous les jours. Sur le même principe que l'aspirateur robot, on aura bientôt la charrue et la moissonneuse-batteuse guidées par drones et par satellites, il y aura donc aussi des robots-bouseux. Les aides-ménagères pour les vieux, pareil ! Ah, y z'ont vraiment pensé à tout !

    Ben... Peut-être pas à tout finalement ! On est quand même un sacré paquet d'humanoïdes sur cette petite planète ingrate, instable climatiquement et géologiquement, incapable de continuer à nous fournir indéfiniment et à titre gracieux le pétrole dont nous avons tant besoin. La salope ! Et alors, nous autres humains, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir foutre quand les robots feront tout le boulot à notre place ? Quand les bagnoles décideront d'aller se balader toutes seules sans personne à l'intérieur, avec la complicité de la domotique qui lui ouvrira la porte du garage et nous enfermera dans le salon ?

    Oui, passque, si on pousse un tant soit peu le raisonnement, dans un premier temps, il restera peut-être encore des humains réparateurs de robots, mais même ça, à terme, finira par disparaître... Au final, on va donc se retrouver à quelques milliards de crétins à pas savoir quoi faire, vu que tout le boulot se fera tout seul, en mode automate. Si on n'arrive pas à mettre en place rapidement le Revenu Inconditionnel Universel, plus aucun humain n'aura assez de fric à dépenser. Faudra donc aussi inventer des androïdes pour aller en vacances, consommer, bouffer et chier à notre place, vu que de place, on n'en aura plus ! Déjà les pizzas se fabriquent toutes seules avec du faux-fromage, on peut les livrer quasi-instantanément par drone interposé, voire les matérialiser avec une imprimante 3D, la machine « cloaca », installation de l'artiste Wim Delvoye qui produit de la véritable merde, existe en plusieurs versions y compris une pour les végétariens, il n'y a plus qu'à la décliner en mode bipède si on veut l'humaniser un peu.

    Même la sexualité dite « récréative » devrait pouvoir bientôt abandonner le principe d'un partenaire de chair, d'os, d'orifices et de protubérances grâce à la sophistication des sex-toys. Donc, au train où vont les choses, dans quelques années, nous ne saurons plus strictement rien faire de nos têtes et de nos dix doigts (enfin, vingt, si on compte aussi les orteils...).
    Je ne sais pas bien vers où on va là, mais la question qui me tourmente le plus, c'est de savoir s'il y aura besoin d'un permis pour tirer sur les drones qui vrombiront au dessus de nos têtes ou si la justice retiendra le principe de « légitime défense »...

Gilles Knopp

canard
Le Canard enchaîné du 26/03/14 (page 7)


Si vous voulez faire un tabac à la télé,
adressez vos scénarios tragiques à
Bertrand Rault
France 3 Bretagne, 9 av Janvier
35040 RENNES

   L'apocalypse c’est bien joli, mais, pour rester crédible, faudrait aussi parler de temps en temps élections. Communales en l’occurrence. Vous connaissiez déjà Clochemerle et Glomel. Grâce à Jean-Do, vous allez adorer Louannec (22).
    Avec Internet, les correspondants des quotidiens locaux, facile à contrôler, perdent de leur influence et les petits potentats n’en finissent plus de pester contre ceux qui, dans leur commune, savent lire, écrire et taper sur un clavier d’ordinateur. C’était quand même mieux du temps des foirails : on tenait sa commune à coup de petits caïds de bistrot, de grandes tapes dans le dos et de bitures programmées. Veinard d’Erdogan qui, en Turquie, pour être tranquille, a réussi à interdire Twitter !
JK

louannec

Mieux qu’à Sébastopol !  

    Dimanche dernier, nous étions invités à désigner les futurs maîtres d’ouvrage des rocades, ronds-points, enrochements de plages, ports de plaisance, zones artisano-commerciales, salles multifonctions, Zéniths et autres régals du BTP. Les citoyens de l’Union Ciscaucasienne étaient eux aussi autorisés à voter ; et même les Romanichels, le recours de M. Hanotin, candidat socialiste à Saint-Denis, contre l’inscription des voleurs de poules sur les listes électorales, ayant été rejeté par un procureur tâtillon et peu soucieux de la souveraineté des Droadlomkistanais de souche.

    A Louannec, paisible commune résidentielle réputée pour son sens du consensus, en particulier linguistique et culturel, on votait aussi, loin de la rumeur du monde, des querelles de personnes... et des débats de programme.
Et pour cause, puisque, conformément à une tradition déjà ancienne, il n’y avait qu’une seule liste ; avec un léger changement toutefois : ce n’était plus la liste du maire, mais celle de son héritier. En guise de programme : la continuité dans l’ordre établi et le consensus proclamé.
Pas de débat contradictoire ni de réunion publique donc, à quoi bon ? Pas plus qu’il n’y eut de commissions extra-municipales, de comités de quartier ou de consultation populaire, tout au long des mandats précédents : ces inventions du diable sont tout juste bonnes à générer des troubles à l’ordre public et à empêcher les élus de travailler !
De toute façon, c’est établi : à Louannec, tout le monde est d’accord. Qui pourrait le contester, d’ailleurs, au vu des résultats de ce beau dimanche de triomphe de la démocratie locale : 100% des voix pour la liste du candidat héritier. Mieux que le référendum de Poutine en Crimée. Et sans intervention de l’armée ou des milices.
Par la seule force de la douce anesthésie du débat citoyen.
élus

Photo journal Le Trégor (7/02/2013), sans rapport (ou presque) avec ce papier.

    Seuls des esprits fâcheux auraient pu faire remarquer qu’avec plus d’un tiers d’abstention et plus d’un quart de bulletins nuls ou blancs, cette liste a été élue par moins de la moitié des citoyens de la commune.  Ce qui n’empêcha pas le nouveau patron de proclamer aussitôt que son installation pouvait revendiquer  « une légitimité certaine ».
Indiscutablement. De même que la Crimée est et a toujours été indiscutablement  russe.
De même qu’il est indiscutable que les 26% de bulletins nuls ou blancs ne sont que l’expression d’un méprisable défoulement, pour reprendre l’analyse imparable du prince héritier.
Avec un bémol et une pointe d’inquiétude quand même :  « Quelques électeurs ayant souhaité que soit tenue une réunion publique avant le scrutin », le nouveau patron n’exclut pas qu’à l’avenir, ce genre de demande puisse être prise en compte... Diable ! La vie municipale ouverte au débat public à Louannec ! Mais c’est la porte ouverte à la démocratie participative ! Autant dire à l’anarchie !

    À moins qu’on veuille tout simplement éviter que, la prochaine fois - par souci de simplification des procédures et pour réduire le bilan carbone de cette pantalonnade, ou pour éviter un défoulement public exprimé cette fois par l’abstention de 80 % des inscrits - le préfet ne nomme directement un administrateur public pour gérer le consensus louannecain ?


Jean-Do Robin, sujet louannecain

Dans Régine il y a RGE. Notre chroniqueuse maison est tellement passionnée par son sujet, qu'elle oublie de nous dire ce que signifie ce sigle. À vous donc de chercher. Ces quelques logos, placés en illustration, devraient vous mettre sur la bonne piste. Plein de carambars à gagner pour ceux qui trouvent. C'est pas fini avec les sigles. Bientôt ce sera au tour de la HQE, une autre grosse bébête qu'il va nous falloir aussi apprivoiser.
JK


Ou comment obliger les artisans à bâtir le mur devant lequel ils seront fusillés
rge1
    Il était une fois, la première entreprise de France. On l'appelait l'artisanat. Celle qui nous avait toujours fait rêver dans les publicités pour le fromage ou le saucisson à la télé. Imaginez un marché, un village, une place, des artisans bouchers, charcutiers, mais aussi maçons, couvreurs, électriciens, plombiers... Imaginez un atelier de menuisier, des rabots, des machines, des ciseaux à bois, un établi, un crayon sur l'oreille, des pieds dans les copeaux. Imaginez une maison en construction avec des tas de camionnettes, des gars en salopettes bleues qui sifflent en travaillant. Une jolie fabrique, avec des ouvrières qui décorent des assiettes. Enfin, imaginez. Imaginez du boulot dans les bourgs, les campagnes et les villes. L'artisanat, une bien belle entreprise, avant. Avec 3 millions d'hommes et de femmes actives, vous imaginez ! Plus d'un million d'entreprises dans tous les corps de métiers. Dans l'alimentation et puis dans le bâtiment et puis dans la production de biens et de services. Imaginez plus de 510 activités dans tous les genres, tous les secteurs, et puis cent milles, 100 000 embauches à l'année. Imaginez la création et l'inventivité. C'était ça notre artisanat. Et des centres de formation, des AFPA qui formaient, nourrissaient, hébergeaient les futurs ouvriers qualifiés. Une chambre des métiers. Des univers, des gestes, des matières, des outils, des têtes bien pleines et des mains savantes. Des millions de bras, de talents et de sourires, c'était ça notre artisanat.

   
rge2 Et bien, c'est fini tout ça. Aujourd'hui, l'artisanat c'est une grosse part de marché. Une belle grosse part de gâteau. Juste ça. L'artisanat c'est un investissement. Imaginez une grosse pieuvre qui se nourrisse de paysans et d'artisans. Elle a un appétit la vilaine, un gros appétit et un joli nom TAFTA la politique des firmes mondiales ! Mais comment manger tout l'artisanat sans être inquiétée, quand on est une pieuvre. En France, c'est 300 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Hum. C'est appétissant. Et en Europe c'est 17 000 milliards. Schlurp. J'ai faim. Je veux tout, dit la pieuvre en bavant. Je suis une vraie gentille pieuvre, qui sait bouffer proprement. J'ai déjà sous la dent tous vos savoir-faire, je vous les ai piqués, vos syndicats n'ont pas bronché. Certifications, accréditations, Labels, Qualifications Quali machin Quali truc Qualitrouduc... Approchez mes gentils Qualitout dit la pieuvre, il va falloir vous dépêcher. C'est urgent. Ça urge. Cela n'attend pas ! Vite vite vite, pressons, avant le mois de juillet 2014 vous serez RGE. Vous serez qualifiés ou pendus, à ma botte en tout cas, avant que je ne vous engloutisse. Je fais tout en vitesse, tout dans la précipitation. C'est ma tactique. J'organise la confusion, ça passe mieux. Et puis, ma formation RGE vous allez la payer mes mignons !

rge3    On vous dira que c'est gratuit. Ben non, c'est pas vrai et alors. Quelques centaines d'euros à l'année. Du temps de formation. Des logiciels obligatoires et alors. C'est gratuit. Sans ça, vous serez éliminés. Trop petits, vous tiendrez pas sans mon papier. Sans mon étiquette RGE vos clients n'auront pas le droit aux prêts bonifiés. Pas le droit au PTZ pas le droit au crédit d'impôts. Je connais très bien le procédé avec mes normes volontaires, j'ai déjà bouffé tous vos petits agriculteurs, rien qu'en claquant des doigts. Rien ne me fait peur. Il me reste les moyens et les gros. Ils ne perdent rien pour attendre ceux là. Hum. Mais j'ai envie de changer de plat. Ah j'ai un appétit moi, dit l'ogresse ! Une grosse faim d'artisans maintenant. Je bouffe tout ce qui rapporte.

rge4    Oui mais avec l'agriculture j'ai frôlé l'indigestion. Je cuisine tout moi-même, j'ai mes recettes. Tenez, prenez des centres AFPA à point, je veux dire, en très mauvaise santé. Ça fait des mois que je les fais mariner. Faites les répondre à votre appel d'offre. Laissez-les remporter le marché. Et hop le tour est joué. Je les éliminerai après. Je les mangerai aussi. Tous. Pareil pour les autres formateurs, d'abord, un peu d'argent frais d'EDF et de mes copines... Hop on les estampille formateurs RGE et les marchands de matériaux qui sont de ma famille de céphalopodes, auront une part du gâteau. Et puis, ils empocheront les cotisations les cochons ! Les pieuvres sont très intelligentes, elles sont fines, elles ont des tentacules partout. Elles descendent par les ministères, connaissent les profondeurs et encouragent le manque de clarté.

rge5
    Je leur dis ça pour leur faire peur. Je vous dis ça tout bas. Je fais toujours comme ça. Et puis, quand tout est bien engagé, je leur accorde gracieusement un joli délai pour s'organiser ! Ils finissent par me remercier. Vous verrez. Dites voir, je songe à investir dans une fabrique de cordes, à l'échelle de l'Europe, ça devrait rapporter !


Régine MARY

    Maître Knopp s’est absenté quelques jours. Il coupe du bois avec les elfes dans la forêt à la scie à main. À l’heure qu’il fait il doit manger son bol de riz complet dans une hutte de charbonnier. Le moment d’en profiter pour tenter d’en placer une sans prendre trop de risque. Les gens qui vivent de peu sont encore plus irascibles que ceux qui vivent de beaucoup. Faut pas trop les contredire. Sinon ils te confiturent de sarcasmes. Quand il reviendra dans 8 jours, si personne ne me dénonce, il n’ira pas lire ce que j’ai écrit dans son dos et on restera très copains.

    Son catastrophisme me turlupine. Un peu comme tous les grands fléaux en isme. Capitalisme, communisme, nationalisme, séisme, égotisme, rhumatisme… Il faudrait un hangar immense pour ranger tous ces mots pervers, tellement ils prennent de place dans nos emmerdes en nous collant au ciboulot.
Certes l’époque vire au roman noir mais c’est pas une raison pour abandonner le b a ba de la méthode. Penser c’est séparer pour mieux comprendre, sinon les concepts virent à la bouillie d’avoine. Flatteuse au goût mais terriblement indigeste. Essayons de trier les patates sinon les pourries vont contaminer les bonnes et l’œuvre civilisatrice d’Aristote et de Descartes se prendre une branlée.

   Faisons clair : il y a les catastrophes naturelles et celles liées aux activités humaines. Faudrait donc pas mélanger les genres, mon Knopp. Quand un gros morceau de météorite s’écrase sur la planète écrabouillant mammouths et diplodocus, l’homme n’y est pour rien, puisqu’il n’est même pas encore né. Ce qui prouve qu’il n’est pas la cause de tout ce qui va mal sur la terre. Quand une éruption solaire vient perturber nos ondes d’ici-bas -l’exemple que tu nous donnes-, même Poutine ou Pol Pot peuvent dire « c’est pas moi m’sieur !», tellement ils sont innocents.

   Évidemment, où ça se complique c’est avec le contre-exemple de Fukushima : un séisme professionnel particulièrement vicieux se transformant en tsunami puis en catastrophe nucléaire. La nature et l’homme conjuguant leurs maléfices. Exprès pour brouiller les cartes du philosophe. Comme aussi à Pompéi, exemple même de la bêtise humaine : quelle idée de construire sa maison au pied d’un volcan !

    Mais, en général, pour que l’apocalypse nous tombe sur le râble, pas besoin de prédateurs ni de profiteurs. De gueux ou de nantis. La nature sait faire toute seule sans la Nasa. Les vertueux écolos fauchés luttent au nom des générations futures. Les méchants néocapitalistes prédateurs aussi, hélas ! Chacun essaie de léguer son beau magot à sa descendance. Et paf ! Voilà que s’amène la grosse méga catastrophe naturelle. Tout le monde enfin sur un pied d’égalité. L’héritage noyé dans la coulée de lave, la vague de 32 mètres ou le tremblement de terre.  Plutôt encourageant comme scénario ! Non ? Même Marx n’y avait pas pensé.

    Que faire en attendant le grand soir ? Anticiper, rigoler, turluter, lire, voyager, écrire, jouir, peindre, chanter, danser, couper du bois avec Knoppy. Les hédonistes, aussi parfois appelés épicuriens, auront toujours un temps d’avance sur les constipés du bulbe. On sait, par exemple que plusieurs des peintures de Turner (ci-dessous) doivent leur mystérieuse lumière voilée aux séquelles de l’irruption du Tambora en 1815. La catastrophe c’est du tout bon pour les artistes. Et après nous le déluge ! Levez-vous orages désirés ! Pot général de fin de tournage!
    J’espère quand même que mon Knoppy ne va pas se prendre un arbre sur la tronche.

JK
didon
Didon construisant Carthage (Turner).


LE COMMENTAIRE de maître Knopp 
 (J'ai été dénoncé) 30/03/14

-Oh ben mon Tonton, j'a reviendu de la forêt profonde, là ousque y'a pas d'internet.
Catastrophisme ? Meuh voyons pas du tout !
D'ailleurs, c'est qui qu'a trouvé les images choc d'explosions planétaires et de raz de marée géants pour illustrer les artics ?
Non-non-non !
Moi, je suis seulement pour l'apocalypse au sens grec originel, c'est à dire, la mise à nu !
"Tous à poil" si tu préfères, comme Jean-François Copé dans la piscine de son poteau Ziad Takieddine.
Quand on est débarrassés des artifices et des faux-semblants, quand Séguéla aura perdu sa Rolex, quand il ne restera plus que l'essentiel.
La voilà, mon apocalypse !
GK